Evaluation négative, journal d’un enseignant

 

Avant propos : Ce journal n’a pas pour but de me plaindre ou de me faire plaindre mais de montrer certaines pratiques. J’en ai informé les principaux intéressés du moment dont le doyen des inspecteurs puis le recteur puis notre nouveau ministre de l’Education Nationale … sans retour comme d’habitude.

Et la suite ?

janvier 2017

Je découvre ma note d’inspection : 47/60 pour un échelon 8 ce qui me classe d’une certaine façon parmi les enseignants dont la satisfaction professionnelle est insuffisante.

Lors de deux conseils de classe, j’ai des remontés négatives de la part de parents, certains parlant d’explications non comprises, d’autres de mécontentements concernant des interrogations que j’ai données pour recadrer une classe.

Suite à cette série de retours négatifs je décide d’arrêter toutes les actions spécifiques contraignantes et non obligatoires que je menais pour améliorer l’assimilation des mathématiques à mes élèves. C’est la 1e fois que je prends une décision que j’estime ne pas aller dans le sens de l’amélioration des performances de la majorité de mes élèves.

Concrètement, ceci concerne :

o       Evaluation formative et devoirs correspondant : après l’acquisition de connaissances importantes et suite à une petite évaluation, je donnais aux élèves qui ne maîtrisaient pas encore suffisamment ces connaissances un devoir à faire à la maison pour qu’ils se mettent à niveau.

o       Ramassage des exercices de préparation aux évaluations sommatives : Je demandais aux élèves qui n’avaient pas réussi une évaluation sommative (un contrôle) de me rendre les exercices de préparation pour le prochain contrôle afin de les obliger à bien réviser.

o       Travail à la maison des élèves : je relevais régulièrement des copies d’élèves pour leur mettre la pression sur le travail à la maison. Sans surprise, maintenant que je ne mets plus de pression sur ce type de travail, celui est de moins en moins fait et il devient finalement rare qu’un élève ait fait son travail en fin d’année scolaire. C’est tout le paradoxe d’une politique de soit disant de bien-être et de bienveillance pour les élèves mais qui aboutit à des résultats néfastes pour ces mêmes élèves.

o       Interrogation orale des élèves : j’interrogerais régulièrement à l’oral un élève sur des questions de cours afin d’inciter à son apprentissage.

o       Relation avec les familles : j’informais systématiquement les parents d’un travail non fait et autres manquements par le biais de mails. Pour mémoire, mon ancien chef d’établissement avait écrit lors d’une notation administrative "Très consciencieux, assure avec grand sérieux le suivi des élèves, promeut de nouveaux outils de communication, notamment avec les parents" en 2010-2011 et 2011-2012. Pour l’année scolaire 2015-2016, j’ai envoyé 414 courriels aux parents pour 3 classes. Certains échanges (environ 2%) ne se passent pas bien et aboutissent parfois à des conflits qui peuvent finir par être des sources de tension avec mon chef d’établissement actuel. Maintenant que je n’informe quasiment plus les parents sur les problèmes liés à leurs enfants, il n’est plus rare que des élèves dorment en cours (record 6/25) et que d’autres n’écrivent plus le cours et ne cherchent pas les exercices.

o       Feuille récapitulative des résultats, des absences, du travail non effectué et des exclusions : je faisais coller dans les carnets des élèves cette feuille que j’exigeais de voir signée par les parents afin de m’assurer qu’ils avaient bien pris connaissance des résultats de leur enfant.

o       Bénévolat : j’ai donné 20h de soutien bénévolement en 2015-2016 à des élèves dont j’étais le professeur principal.

Pour légitimer le tout, je n’évaluerai plus mes élèves par notes mais par compétences. Ceci va dans le sens des volontés du ministère et justifie l’abandon des mes anciennes méthodes désormais obsolètes car elles se basaient beaucoup sur des évaluations quantitatives.

 

7 novembre 2016

Suite à une notification envoyée aux parents de 14 élèves ne m’ayant pas rendu un travail à la maison, les parents de Maëva contestent les faits et me remettent directement et agressivement en question ce à quoi je leurs renvoie leur agressivité en prenant soin d’être irréprochable verbalement. Ils demandent un rendez-vous en présence du chef d’établissement durant lequel le père me proposera qu’on aille s’expliquer seul à seul, ce à quoi je lui répondrai qu’il ne m’impressionne pas.

La Principale du collège ne relèvera pas cet appel à la violence.

Une autre histoire de contestation qui m’arriva bien plus tard.

 

4 novembre 2016 : Aurélien, un élève ingérable et insultant

Cet élève est particulièrement difficile et il se permet n’importe quoi dans mes cours. J’ai fait des rapports et je l’ai exclu de cours mais on me l’a renvoyé en me disant qu’on ne pouvait pas exclure de cours à certaines heures. Le 4 novembre, Aurélien dépasse toutes les bornes et va jusqu’à s’exclamer en plein cours « qui trouve que M. Bahno est con ? ». J’écris un rapport dans la foulée et le donne le jour même au CPE comme le veut l’usage et en main propre.

Le 10 novembre a lieu une commission éducative pour cet élève et lorsque le professeur principal mentionne mon rapport, la Principale de l’établissement dit qu’elle ne peut pas en tenir compte car elle prétend ne pas être au courrant.

Le 5 décembre, Aurélien est exclu définitivement de l’établissement par le conseil de discipline pour trafic de téléphone semble t-il.

Il n’aura jamais été inquiété par les injures qu’il m’a faites.

 

octobre 2016

Un élève est arrivé une dizaine de jour après la rentrée. Il semble d’un bon état d’esprit mais semble aussi dépassé et je l’ai trouvé plusieurs fois à sangloter. Je m’arrange pour m’entretenir avec lui et il me révèle qu’il vient d’une SEGPA : j’informe immédiatement mes collègues de la situation puis je consulte son dossier avec son professeur principal ce qui confirme les propos de l’élève.

Plus tard j’en parle à la Principale de l’établissement et lui fait remarquer qu’il aurait été certainement très utile qu’on connaisse cette information. Elle ne semblait pas connaître la situation et prétend que c’est aux professeurs d’aller consulter les dossiers des élèves.

 

septembre 2016 : rentrée scolaire

Je n’ai pas supervisé les constitutions des classes cette année contrairement aux 6 années scolaires précédentes où je prenais soin d’informer les collègues du niveau et du comportement des élèves bien avant la rentrée afin qu’ils puissent l’anticiper, chose que j’estime fondamentale pour pouvoir bien commencer une année.

Nous n’avons plus aucune information cette année, seulement des listes papiers qu’on se transmet les uns aux autres.

Lors d’une entrevue avec la Principale de l’établissement, je l’informe de ce manque d’information qui me semble d’autant plus important pour quelqu’un qui prône l’individualisation des élèves mais elle ne parait pas vraiment sensible à cette remarque.

Dans un 1e temps, les classes m’ont semblé plutôt bien constituées avec Pronote mais j’ai rapidement été plus critique car les niveaux de certaines classes s’avèrent parfois vraiment déséquilibrés sans explication et le niveau 5e pose de réels problèmes. J’ai quand même une classe avec 3 Léa et 2 Kylian !

 

Depuis quelques temps, il y a un décalage de plus en plus important entre la réalité de l’enseignement et les attentes de la direction. Par exemple, la Principale de l’établissement m’a de nombreuses fois mis en cause au sujet d’un enseignement individualisé que je ne peux pas donner car je n’en ai pas les moyens. La réforme du collège accentue encore davantage ce décalage avec des demandes que j’estime souvent irréalistes. Ces changements m’ont fait réfléchir et mes conclusions sont ici.

 

Année scolaire 2015-2016

fin d’année scolaire

Résolutions pour l’année à venir et suite aux divers différents avec mon administration :

 

22 juin : courriel que j’envoie à mon chef d’établissement

"Bonjour, ayant eu une retenue sur salaire légitime pour des heures non effectuées de mon service (mercredi 9/12/2016 après midi), j'attends d'être rémunéré en heures supplémentaires pour celles que vous m'avez demandées de faire et qui ne font pas partie de mon service, à savoir :

24/05 : 3h (de 14h à 17h : histoire des arts, surveillance des préparations du jury 3 et 4)
25/05 : 3h (de 14h à 17h : histoire des arts, remplacement d’un enseignant, jury 18)
20/6 : 3h (de 8h25 à 9h20 et de 14h à 16h) révision brevet
21/6 : 2h (de 14h à 16h) révision brevet

Donc un total de 11h.

Je ne compte bien sûr pas mais je vous rappelle * les 20 autres heures que j'ai effectuées sur mon initiative."

*détails de ces heures non précisés ici

 

Au final, je serai payé 8h supplémentaires.

 

juin 2016 : l’affaire Maélia

Maélia est une élève qui n’a pas posé de problème au 1e trimestre mais, à partir du moment où elle a eu une AVS, ses résultats (elle passe de 12/20 au 1e trimestre à 8/20 au 2e puis sera de 5,5/20 au 3e trimestre) et son comportement n’ont cessé de se dégrader sous les yeux impassibles, donc complice à mon goût, de son AVS. J’ai signalé oralement ce problème à l’AVS et au chef d’établissement. Mi-mai et pour montrer à l’AVS comment se comporte Maélia lorsqu’elle est seule, je demande à Maélia de prendre la place qu’elle occupe quand l’AVS n’est pas là, c'est-à-dire tout devant, l’AVS restant au fond de la salle. Maélia était plus agitée que d’habitude car ceci la contrariait mais elle s’est assez bien tenue. J’en ai discuté en fin d’heure avec l’AVS qui me dit qu’elle envisageait dans cette situation de suivre d’autres élèves. L’AVS ne viendra plus et je ne m’en préoccuperai pas.

Le comportement de Maélia deviendra par la suite de plus en plus difficile et finira par être à la limite de l’ingérable.

 

Le 16 juin 2016, sans aucune démarche préalable, je prends connaissance d’une lettre très critique que la mère de Maélia m’adresse et qui m’accuse notamment d’avoir supprimé son AVS et qui demande à me rencontrer avec le chef d’établissement et l’AVS.

Je propose un RDV pour le lendemain donc après le dernier cours de l’année avec Maélia.

 

Déroulement du rendez-vous avec la mère de Maélia et Madame la Principale Adjointe le 17 juin :

Sans aucun entretien préalable et sans même me laisser le temps de m’expliquer, la Principale Adjointe m’accuse vigoureusement d’avoir supprimé l’AVS de Maélia !

Je peine grandement face à deux feux nourris à expliquer que d’une part il est incontestable aux vues de ses résultats que l’AVS de Maélia ne lui était pas bénéfique dans mes cours et que d’autre part, je n’ai pas décidé de supprimer l’AVS de Maélia et que de toute façon je n’ai pas ce pouvoir décisionnel.

La mère de Maélia est par exemple excédée par l’idée que j’interdise à sa fille de sucer son pouce en cours.

Conforté dans ses accusations, elle ira jusqu’à prétendre que mon comportement qu’elle juge inadmissible envers Maélia est sûrement dû à la couleur mate de la peau de sa fille. Malgré mon indignation pleinement exprimée, la Principale Adjointe ne relèvera pas cette accusation de racisme.

 

Suite à cet entrevu et alors que je me retrouve seul avec elle, la Principale Adjointe me dira qu’elle ne comprend pas bien pourquoi nous ne nous entendons pas !

 

Quoiqu’il en soit, on ne peut que douter des bonnes intentions d’une mère qui prétend agir pour le bien de sa fille mais qui n’agit finalement qu’après le dernier cours de l’année. Pour les derniers cours, Maélia était devenue insupportable et provocante au point par exemple de s’asseoir bruyamment lorsque je demande à un autre élève de rester debout en début d’heure. J’ai bien compris qu’il s’agissait là d’une provocation visant à me pousser à la faute et qui émanait certainement de plus haut. De fait, je n’ai plus relevé ses aberrations.

 

Je ne peux raisonnablement pas en rester là et le 10 septembre 2016 j’envoie un courriel à la mère de Maélia avec en copie la Principale Adjointe et le recteur disant : "Madame, suite à toute l'énergie que vous avez mise pour tenter de me nuire, je n'ai toujours pas eu de suite aux diffamations dont vous m'avez accusées en juin 2016, notamment celle d'être raciste et ceci devant la Principale Adjointe de mon établissement.

J'ai pourtant hâte d'expliquer aux autorités compétentes votre stupidité qui permet certainement de comprendre et d'expliquer les comportements inappropriés de Maélia.

Cordialement, M. Bahno, professeur de mathématiques de Maélia"

 

Le 16 septembre 2016, je rencontre la Principale de l’établissement sur sa demande et elle m’informe que, suite à mon courriel, elle a signalé l’affaire Maélia au directeur académique. Elle est assez choquée par mon courriel et je réplique que je suis également choqué du manque de soutien de mon administration directe. Je lui rappelle l’obligation de l’Etat de protéger ses fonctionnaires auquel elle répond "c’est vous qui le dites". Je lui enverrai plus tard le courriel suivant : « Madame La Principale, lorsque je vous avais signalé que l'Etat était sensé protéger ses fonctionnaires, vous m'aviez répondu "c'est vous qui le dites". Ce n'est pas que moi. Lire ceci. ».

Elle qui prônait l’évaluation positive lors de la réunion plénière de prérentrée, je me permets de lui demander à quand date sa dernière évaluation positive : elle répond après quelques longues secondes que ceci ne concerne pas les enseignants.

 

Le 25 novembre 2016, je rencontre la chef d’établissement sur sa demande au sujet de l’affaire Maélia : puisqu’elle avait fait la démarche d’appuyer l’affaire au directeur académique, l’inspection lui demande ce qu’il en est advenu : elle ne sait pas encore ce qu’elle va écrire mais elle parle d’un sentiment de "mépris" (mais ce n’est pas précisément le mot dit-elle, … elle ne trouve pas) que j’aurais et elle me reparle de ses déceptions quant à mes enseignements individualisés ce à quoi je réponds que ce n’est pas la question et qu’en ce qui concerne ma pédagogie, une inspectrice a écrit un rapport la concernant en juin dernier.

Elle me parle alors des problèmes avec des parents d’élèves, ceux de Maëva et d’une mère de l’année dernière qui n’ont rien à voir.

De fait, je ne peux que douter de sa bienveillance et encore moins de son soutien lorsqu’elle a appuyé l’affaire Maélia à l’académie.

Quoiqu’il en soit, elle promet de me faire lire ce qu’elle enverra et je ne manque pas de lui signaler que je n’hésiterai pas à renvoyer un complément si je l’estime nécessaire. Elle ne me fera malheureusement jamais part de sa réponse.

 

juin : inspection.

Il semblerait qu’une page de l’histoire de l’enseignement tende à se tourner et je désire valoriser mon travail avant qu’il ne soit obsolète. J’envoie ce courriel à une inspectrice en février. Maladroit certes mais efficace par rapport aux demandes déjà effectuées au cours de ma carrière et qui sont toujours restées lettres mortes.

Je suis donc inspecté en juin et, comme à l'accoutumé en ce qui me concerne, l’inspectrice me fait l’honneur de se déplacer rien que pour moi : je fournis un dossier bien rempli et mon cours se déroule sans incident dans une bonne ambiance de travail avec de l’implication des élèves comme c’est d’ailleurs noté dans le rapport. Cette inspection aura au moins eu le mérite de dissiper mes doutes quant à la qualité de mon travail car l’idéal d’un enseignant est bien de transmettre les connaissances convenues dans de bonnes conditions et avec une bonne assimilation des élèves.

Durant l’entretien post visite, l’inspectrice n’abordera pas d’elle-même l’enseignement individualisé, objet de vives critiques de mon chef d’établissement. Son point de vu est d’ailleurs très modéré et elle précise qu’individualiser ses élèves consiste à les écouter et leur répondre spécifiquement. Pourtant, le rapport d’inspection contiendra plusieurs critiques significatives à ce sujet (voir ce que j’ai surligné dans le rapport).

L’inspectrice m’a aussi parlé de mon courriel qui aurait fait le tour de l’inspection et elle me prévient qu’il ne fallait pas que je m’attende à une grosse augmentation de ma note pédagogique. L’inspectrice aurait-elle été missionnée pour me faire subir une inspection punitive suite à un crime de lèse-majesté ?

 

2 mars : "exlusion-inclusion" d’élève.

Ma salle est mitoyenne d’une autre petite salle très peu utilisée et sur laquelle j’ai vu. Il m’est alors possible d’isoler un élève tout en gardant un œil sur lui pour qu’il fasse une évaluation ou parce qu’il est ingérable et ceci sans déranger mes collègues ou la vie scolaire de l’établissement.

La scène ci-dessous se répètera plusieurs fois avec la Principale ou son Adjointe.

Ce jour, j’isole un élève ingérable qui empêchait les autres de faire leur contrôle.

Je me rends soudain compte que l’élève n’est plus là et en demandant aux autres élèves, j’apprends que la Principale de l’établissement l’a emmené. Je suis d’autant plus troublé lorsque je vois la Principale de l’établissement passer seule dans le couloir.

Lorsque l’élève revient à la fin de l’heure, je lui demande où il était et il confirme qu’il était tout seul dans le bureau de la Principale.

J’étais et je reste très critique quant à la légitimité et la légalité de soustraire une personne mineure à son responsable légal sans le prévenir et qui plus est pour la mettre dans une situation plus critique que celle où elle se trouvait.

Lors d’une explication avec la Principale Adjointe, elle me dira que eux (la Principale ou son Adjointe) ont le droit de mettre un élève seul dans une salle mais pas moi.

Plus tard je déciderai d’envoyer directement au chef d’établissement les élèves que je désire isoler.

 

fin février, début mars : organisation du passage du concours kangourou prévu pour le 17 mars

L’organisation d’un tel concours est contraignante pour l’établissement car elle mobilise des salles, des élèves qui n’iront pas à leurs cours habituels, des professeurs qui surveilleront et seront alors déchargés de leurs cours.

Je propose par courriel à la Principale adjointe une organisation le 26 février que je relance le 10 mars. Sans réponse, je décide de l’organisation le 14 mars et en informe l’administration ainsi que l’équipe de mathématiques et aussi l’ensemble des enseignants. Sans humour, la Principale du collège me convoquera pour me dire qu’elle n’a pas du tout apprécié le "sinon l’année prochaine, je skie au mois de juillet" et la Principale Adjointe enverra un courriel aux enseignants pour dire qu’elle avait répondu à mon 1e courriel.

 

février : problèmes d’informations

Je suis surpris d’apprendre par des élèves qu’une de mes élèves dont je suis le professeur principal est absente car elle est en exclusion-inclusion.

J’informe par courriel mon administration de ce manque de transmission d’information qui est certainement préjudiciable pour tout le monde et la Principale Adjointe me répond globalement qu’elle n’est pas satisfaite de mon travail de professeur principal. Je lui montre alors tout le travail déjà accompli puis, comme elle y tient beaucoup je vais à sa rencontre le 3 mars : elle ressent aussi un manque de transmission d’information mais quand je lui dis que je n’ai pas mis en place un dispositif pour cause d’un éventuel changement de classe de l’élève concerné, elle me répond comme une évidence qu’il ne faut pas croire les bruits de couloirs qui sont malheureusement bien souvent les seules informations qui me parviennent. L’ESS Équipes de Suivi de la Scolarisation  de cet élève se réunit le 15 mars et lorsque l’idée du changement de classe est mentionnée, la Principale Adjointe acquiesce sans problème et parait même y avoir été à l’initiative. Durant cette réunion, le professeur référent m’a explicitement reproché, loi à l’appui, de ne pas faire d’enseignement individualisé avec cet élève de section ULIS. Il est pourtant délicat de concilier la pleine appartenance à une classe de collège et un objectif de cycle 2 (CE2 maximum) sans compter les problèmes techniques (je ne suis pas un enseignant du primaire et j’ai les autres élèves à gérer) et l’aspect juridique discutable.

 

novembre : un cas d'école

Des élèves de la 3eC écrivent et transmettent une lettre à La Principale du collège : ils y dénoncent des problèmes en ce qui concerne mes cours (incompréhension de mes explications, inquiétude pour leur brevet, humiliations d'élèves).

La Principale me convoque quelques temps plus tard et m'informe de la situation que je découvre très étonné. Elle m'informe aussi du contenu de la lettre mais refuse de m'en donner un exemplaire, même en supprimant ses signataires qu'elle prétend être tous les élèves sauf 3 (par la suite, 5 élèves m'affirmeront ne pas l'avoir signé et la Principale relativisera ses propos antérieurs).

Je prends cette action très au sérieux : je fais entre autre un sondage anonyme des élèves et demande au chef d'établissement d'assister à un de mes cours. Mon incompréhension demeure car il y a toujours un grand décalage entre les dénonciations et les observations. De plus, le mode opératoire ne semble pas avoir pour but de régler des problèmes mais plutôt de me porter préjudice.

Bien plus tard, j'aurai l'intime conviction d'avoir compris l'enchaînement et le but de la manœuvre :

Il est fort probable que Bernadette, très mécontente d'avoir dû dénoncer Adélaïde, ait embrigadé ses camarades pour lancer une action contre moi, cette action s'étant concrétisée par la rédaction de la lettre. Il est loin d’être inenvisageable que l’idée de dénoncer des faits directement à La Principale provienne d’un adulte (La Principale me l’avait sous-entendu lors d’un entretien et il n’est pas naturel pour des élèves de s’adresser au chef d’établissement dont ils ont plutôt peur) et j’ai pu l’observer à une autre occasion.

 

Finalement, cette lettre n'est certainement que l'expression de la vengeance de Bernadette ! (plutôt réussi comme vengeance !)

 

11 juillet 2015 : courriel envoyé à Madame la Ministre de l’Education Nationale, sans réponse

"Madame la ministre,

suite à la visualisation d'un reportage puis la visite du site http://www.stop-djihadisme.gouv.fr/, ne trouvant pas d'interlocuteur et connaissant votre implication, je me permets la requête suivante : la prévention étant primordiale et les guérisons souvent vaines à ce sujet, il me semble qu'il serait souhaitable que nos adolescents soient conscients des réalités du djihadisme et en ce sens les sensibiliser en dernière année du collège à cela, avant qu'ils ne soient réellement approchés. Y aurait-il une vidéo disponible qui serait entre celle "décripter la propagande djihadiste en vidéo" (trop courte et pas assez démonstrative) et celle de djihadiste 2.0 (trop longue)? Il me semble par exemple que l'extrait des 3 routiers syriens exécutés par des djihadistes sans réelle raison permettrait à quiconque de se rendre compte de l'aberration de la situation en très peu de temps.

Humblement et très respectueusement, M. Bahno, professeur de mathématiques.

PS : je ne crois pas du tout en votre réforme du collège.

1-former à d'autres compétences : pensez-vous par exemple que nous ferons beaucoup d'envieux lorsque nous serons les champions du monde de l'histoire des arts?

2-en quoi cette réforme réduira les inégalités entre les élèves : on ne lutte pas contre des inégalités (élèves dans des milieux favorisés qui ont accès chez eux à la culture et à des soutiens éventuels) avec des égalités (respect des horaires disciplinaires donc même chose pour chaque élève), c'est mathématique.

3-l'interdisciplinarité: elle a été testée dernièrement et significativement avec les IDD puis abandonnée, il est peu crédible de revenir dessus.

Vraiment, je n'y crois pas. J'espère me tromper vu votre détermination."

Année scolaire 2014-2015

La Principale de l’établissement me dit lors d’un entretien qu’elle n’adhère pas mais qu’elle respecte mon fonctionnement avec les élèves qu’elle prétend basé sur de la crainte. Je suis surpris car je n’ai pas du tout ce sentiment.

Pour avoir une vision plus objective de la situation, je demande en fin d’année aux élèves de remplir un "questionnaire de satisfaction" anonyme dans lequel je mets une question relative à la crainte. Il ne révèle pas de stress particulier dans mes cours et quand j’en reparle avec la Principale, elle me dit qu’elle ne le pense plus.

Je ferai remplir encore l’année suivante des questionnaires de satisfaction car l’idée me semble intéressante mais finalement, c’est donner aux élèves une sorte de droit de jugement qui n’a pas lieu d’être et de plus, les résultats ne reflètent en général pas la réalité car ils sont vraiment trop sensibles à l’ambiance du moment.

Année scolaire 2012-2013

J’améliore mes méthodes de travail : je fais une interrogation après l’acquisition des connaissances importantes puis je donne un devoir de rattrapage aux élèves qui ne l’ont pas réussie afin qu’ils se mettent à niveau et qu’ils remontent leur note.

mars : Je parle avec la Principale du collège d’un prochain avancement d’échelon qui pourrait se faire au "choix". Pour influer en ma faveur, elle propose une notation administrative hors barème avec pour appréciation : "Très consciencieux, assure avec grand sérieux le suivi des élèves, promeut de nouveaux outils de communication, notamment avec les parents et met ses compétences au service de la communauté éducative." appuyé du rapport "M. BAHNO, coordonnateur de l’équipe de mathématiques, a su s’impliquer et accompagner ses collègues dans l’utilisation des TICE en mathématiques. Il met régulièrement ses compétences informatiques au service de l’établissement et des établissements du bassin en créant et mettant à disposition des outils logiciels destinés à faciliter certaine tâches, élaboration de la note de vie scolaire, constitution des classes notamment."

Motivé, j’étais vraiment impliqué dans cette période et j’aidais à beaucoup de choses : constitution des classes, statistiques des brevets blancs, notes de vie scolaire, organisation des accompagnements éducatifs …

Je m’impose de respecter une règle de base que j’appliquais déjà et que j’estime importante pour les enseignants : éviter autant que possible tout contact physique avec les élèves (ceci permet d’éviter toute suspicion de violence ou d’abus).

Année scolaire 2007-2008

J’améliore mes méthodes de travail : je demande et j’obtiens en début d’année les adresses email de la majorité des parents de mes élèves je mets en place un système automatisé qui me permet facilement d’informer directement les parents de tout manquement (travail non fait, comportement problématiques …). Une correspondance directe avec les parents permet une grande réactivité et débloque souvent des situations délicates.

Je suis coordonnateur des mathématiques au collège : avant même ma "prise de fonction", je fais l’inventaire de tous le matériel disponible pour les mathématiques, je range, je trie et vide les armoires des salles de mathématiques où s’entassent des papiers accumulés depuis beaucoup d’années. Je serai payé cette année (0,5 HSA) mais refuserai, par éthique, de l’être par la suite car on ne fait ce travail pour une quelconque rémunération.

Année scolaire 2006-2007

Cette année est importante pour moi car je dois être inspecté pour valider l’agrégation que je viens d’obtenir.

Je me place en position de force : 1e personnel sur les listes du CA, représentant enseignant au CHS commission hygiène et sécurité et au conseil de discipline, professeur principal de 3e, j’anime bénévolement le "club de route" que j’ai créé et qui forme à l’ASSR en salle multimédia, je crée et j’actualise mon site internet professionnel (cours, exercices, cahier de texte entre autre).

J’ai bien été prévenu que mon inspection serait le mercredi 3 mars mais on refuse de me donner l’horaire même le matin de l’inspection ce qui n’est pas l’usage.

J’ai 4h de cours ce mercredi matin et dès qu’un surveillant frappe à la porte pour demander la fiche d’appel, je me dis que c’est peut-être l’inspecteur : c’est très stressant.

A la pause, je passe à l’administration pour essayer de connaître l’heure de l’inspection et je croise l’inspecteur qui me dit "vous venez me chercher ?".

L’inspection se passe bien pour la visite et l’entretien même si je suis un déçu de n’avoir aucun compliment mais l’inspecteur expliquera que « si je ne dis pas que ça ne va pas, c’est que ça va ». L’inspecteur s’entretiendra plus tard avec le Principal qui est absent ce jour.

Le rapport d’inspection arrive en mai et j’ai un avis favorable.

 

Le Principal du collège demande une valorisation de + 0,2 pour ma note administrative ce qui est faible à mon niveau.

Je fais une requête en révision et je constaterai finalement une augmentation de + 0,7.

Année scolaire 2005-2006

C’est la 2e année que je suis responsable de la salle informatique pour 1 heure supplémentaire (HSA) par semaine.

Je me suis investi sans compter dans le fonctionnement de cette salle qui n’avait encore jamais vraiment fonctionnée et dont les ordinateurs, livrés en 2001, n’ont pas été adaptés à cet usage : il fallait les configurer, installer des logiciels, faire un système de restauration des postes, paramétrer le réseau, établir des modalités de réservation pour les professeurs et d’inscription pour les élèves … j’y ai passé des journées.

En consultant la Dotation Globale Horaire pour l’année prochaine, je me rends compte qu’il ne m’est attribué que 0,5 HSA pour assurer le fonctionnement de la salle informatique.

Je demande des explications au Principal du collège qui m’annonce qu’il a scindé l’heure informatique en deux pour attribuer l’autre demi-heure à un autre professeur pour gérer le réseau informatique du collège. Etonné, je cherche un arrangement et propose même, après avoir eu l’accord de l’autre enseignant, de m’occuper du réseau mais il refuse toute négociation.

Je refuserai à mon tour de m’occuper de salle informatique.

Année scolaire 2004-2005

Jusqu’à cette année il était de coutume clairement établie que l’équipe d’enseignants qui avait une classe à option européenne en 4e la suive en 3e.

Je devais donc suivre la classe à option européenne qui serait ma seule classe de 3e et j’avais d’ailleurs signalé au dernier conseil de classe que je continuerai les évaluations notées que je compterai pour la 3e. N’ayant plus eu de 3e après ma 1e année, je devais refaire complètement ce niveau et j’ai travaillé tout le mois de juillet pour faire des cours adaptées à cette classe élitiste.

A la rentrée, je constate que je n’ai pas la 3e à option européenne ! Je pense à une erreur mais quand j’interpelle le Principal Adjoint, il m’explique que ce n’est pas à moi de décider des classes à attribuer aux enseignants.

Sans me consulter ni même me prévenir, le Principal du collège m’inscrit à un stage de professeur principal. Je ne me rends pas à la convocation et quand il me demande des explications, je l’informe que j’ai déjà effectué ce stage en 2001-2002.

Année scolaire 2003-2004

Le père d’Arthur, un élève d’une de mes classes, adresse une lettre au professeur principal d’Arthur : en tant que parent délégué FCPE de la classe, il y dénonce des problèmes significatifs dans mes cours. Le professeur principal me donne alors une copie de la lettre et je mène mon enquête : tous les parents sauf lui sont satisfaits voire très satisfaits de l’enseignement dans mes cours et seul un parent d’élève a été consulté pour cette lettre. Bizarrement, le père d’Arthur était aussi le père d’un de mes élèves deux ans plus tôt et je suis alors convaincu qu’il est à l’origine de l’action menée par la FCPE en 2001-2002. Je fis suivre l’affaire par un organisme de protection des enseignants qui pris des mesures dissuasives pour que ceci prenne fin.

Malgré le nombre important de parents choqués par ces dénonciations calomnieuses, le père d’Arthur fut encore élu parent délégué l’année d’après !

Depuis mes débuts, ma note administrative ne progresse que très peu par rapport à la moyenne : on propose en général à mon niveau un minimum + 0,5 mais le Principal du collège demande + 0,2 pour la 3e fois en ce qui me concerne. Une collègue enceinte et absente la moitié de l’année se verra proposée une augmentation de + 0,8 pour un niveau similaire.

Mon travail vaudrait-il 4 fois moins que celui d’une personne absente la moitié du temps ?

Je fais une requête en révision qui ne donnera rien.

Année scolaire 2002-2003

J’ai un service raisonnable de 19h et mes cours se passent bien.

J’améliore de mes méthodes de travail : je donne désormais systématiquement des exercices de préparation aux contrôles. C’est un peu comme si je donnais aux élèves le contrôle avant le contrôle. Bien sûr, je change les nombres et les figures mais le fond est le même. Certains diront que c’est de la triche et je répondrai que je ne cache pas mes exigences et que le programme est quelque chose d’officiel.

Ma salle de cours principale est isolée : c’est initialement une salle d’art plastique qui a l’avantage d’être spacieuse et d’avoir un couloir interne dans lequel je peux facilement isoler un élève du reste de la classe mais qui a l’inconvénient d’être mitoyenne d’une salle de musique. Je connais par cœur "Nos Rendez-Vous" de Natasha St Pier mais le plus difficile, c’est lorsqu’ils faisaient des percussions.

Un jour en conseil de classe, des parents d’élèves font une réflexion à une collègue sur sa gestion de classe et elle leurs répond "oui mais je les ai après le cours de M. Bahno".

Année scolaire 2001-2002

C’est ma 1e rentrée : bien que néo titulaire, on me propose un service de 22,5h de cours hebdomadaire sur 2,5 niveaux que j’accepte en me disant que c’est normal. En fait, je me rendrai compte bien plus tard que c’était énorme et en 15 ans, ce record n’a été égalé que deux fois.

Les débuts sont vraiment difficiles entre la surcharge de travail et ma gestion de classe qui n’est pas au point. J’ai mis plus d’un trimestre pour trouver un fonctionnement adéquat.

Inexpérimenté et surmené, je n’ai pas été sensible aux signaux qui annonçaient une tempête. C’est vrai que des parents délégués de classe et les représentants FCPE ont désiré s’entretenir avec moi pour parler de problème dans mes cours mais ils paraissaient vraiment bienveillants : en fait, ils préparaient une action visant à me faire changer d’établissement.

Un jour, le Principal du collège me convoque et me dit : "vous serez inspecté le 10 mai, ce sera l’occasion de montrer aux parents d’élèves que vos cours se déroulent bien."

Naïf, je me dis qu’il est normal d’être inspecté dans sa 1e année et d’ailleurs aucun collègue ne manifeste d’inquiétude.

L’inspection se passe donc un vendredi de 15h à 16h et pour la 2e heure de cours que j’ai avec une même classe : la séance est plutôt moyenne : ni parfaite, ni catastrophique non plus.

Lors de l’entretien, l’inspectrice me dit d’emblée qu’elle vient sur la demande de mon chef d’établissement ce que j’ignorais. Elle est extrêmement critique sur mon cours si bien que je finis par lui demander si elle trouve des choses de bien dans ce que je fais, elle répond après un long blanc "il y a des choses de convenables". Elle me dit que j’aurai très certainement un tuteur l’année prochaine.

Je commence à comprendre qu’il se passe des choses dans mon dos et je mène mon enquête : je sollicite l’inspectrice, qui ne répondra jamais, et j’organise plusieurs rencontres avec le chef d’établissement et les représentants FCPE qui révèleront que la FCPE (je ne sais pas qui précisément) a écrit une lettre à charge me concernant, l’a transmise au Principale du collège qui à son tour l’a transmise à l’inspectrice en lui demandant de m’inspecter. L’inspection était donc loin d’être désintéressée !

Je ne réussirai jamais à obtenir une copie de cette lettre mais on finira par me la lire : elle généralise des cas particuliers (beaucoup d’interrogations par exemple), prétend des mensonges (des interrogations de 40 questions par exemple) et son but est explicitement de me faire partir du collège.

Sur ma demande de statistique concernant des mécontentements, la FCPE établira essentiellement qu’en 5e : 9 élèves (via parent !) sur 28 sont mécontents de l’ambiance et des interrogations que je donne. En 4e : 6 élèves sur 93 exprimeront que je n’explique pas à ceux qui ne comprennent pas ou que je répète la même chose. En 3e : pas de statistiques mais certains prétendront que je n’ai pas fini le programme et que je n’ai pas fait de révision pour le brevet ce qui est entièrement faux (voir le cahier de texte).

Finalement, l’action menée par la FCPE ne trouve que peu d’adhérents et deux plus tard, je serai convaincu qu’elle a été initiée et entretenue par une seule et même personne.

A la rentrée scolaire suivante, je n’ai aucune nouvelle de mon inspection et du tutorat qu’elle devait induire.

Je demande à l’inspectrice en novembre 2002 des explications sur l’absence de suite à mon inspection, sans réponse.

Je fais appel aux syndicats et je demande en octobre 2003 à être ré inspecté au chef de la D.G.E. (sans réponse), puis en mars au recteur (sans réponse), enfin, j’envoie en juin 2003 une lettre au recteur a qui aboutira à l’obtention de mon rapport d’inspection en juillet ne respectant forcément pas le délais réglementaire d’un mois (voir article 5).

Dans cette histoire, j’eu le soutiens explicite d’un parent qui fit exprimer lors d’un conseil de classe qu’il ne comprenait pas cet acharnement contre moi, puis en décembre 2002, au autre parent qui citait en exemple mes méthodes de travail: je les remercie chaleureusement !